« Mais je restai là, immobile, tendant l’oreille dans le silence. Je ne sentais plus ni la ville, ni la ruelle, ni son nom, ni le mien, ma seule impression était d’être étranger ici, merveilleusement perdu dans l’inconnu, qu’il n’y avait en moi aucune intention, aucune mission ni aucune relation avec cet entourage, alors que je sentais toute cette vie obscure autour de moi avec autant de plénitude que le sang sous mon propre épiderme. J’avais simplement l’impression que rien de ce qui se passait ne me concernait et que pourtant tout m’appartenait, ce béatifique sentiment de vivre la vie la plus profonde et la plus vraie au milieu de choses étrangères, ce sentiment qui fait partie des sources les plus vivaces de mon être intérieur et qui, dans l’inconnu, me saisit toujours comme une volupté. »


Stefan Zweig                                  

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